lundi 16 septembre 2013

Masculin, féminin film de Jean-Luc Godard (1966)



Film interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie au cinéma. Tiens donc pourquoi ? C'est ce qui est fascinant dans les vieux films, les contextes étaient tellement différents que beaucoup de choses semblent incompréhensibles. De ce que j'ai pu voir, c'est parce que le film parle de sexualité, de contraceptions, d'avortement et de prostitution. Sur un ton très détaché d'ailleurs, si bien qu'on oublie que ça en était tabou à l'époque.

Je ne sais pas trop par où commencer car c'est un film qui part un peu dans tous les sens. Paul le héros, joué par Jean-Pierre Léaud est amoureux de Madeleine (Chantal Goya). Alors Jean-Pierre Léaud, dans ce film je ne l'ai pas reconnu, sa manière de jouer est moins personnelle qu'à l'accoutumé, il est moins cinglant, plus passif, son rythme est plus lent, il est moins touchant aussi. Chantal Goya, eh bien, elle joue un personnage un peu culcul la praline, un peu gnangnan donc je suppose que c'est assez naturelle pour elle, du coup je l'ai trouvé convaincante. A côté de ça, il y a un message politique imbriqué. Surtout par le biais de Robert, un jeune ouvrier révolutionnaire et qui milite du mieux qu'il peut et pousse son ami Paul à en faire autant, il est joué par Michel Debord ! Coïncidence ? Et puis il y a des scènes un peu aléatoires où l'on ne comprend pas toujours les connexions.

Ce film c'est très étrange, car même s'il représente une France pré Mai 68, on dirait vraiment que l'état d'esprit de la jeunesse n'a pas changé par rapport à aujourd'hui. Je pense qu'on pouvait parler d'une époque post 68 juste après le mouvement, mais aujourd'hui en 2013 cela n'a plus grand sens. Les personnages ont autour de 20 ans et cela se passe il y a plus d'un demi-siècle pourtant j'avais sincèrement l'impression de revoir les même types de jeunes que maintenant. Aujourd'hui, comme à l'époque du film, les jeunes étudiantes ne s’intéressent pas à la politique, ne savent pas réellement à quoi elles s’intéressent, n'ont pas vraiment de convictions, en fait elles sont plus dans le domaine de l'observation et de l'émotion brutes, que dans celui de l'analyse et de la réflexion. C'est très intéressant. A côté, les jeunes hommes, intellectualisent beaucoup et sont dans la réaction. Pendant que les jeunes femmes sont photographes ou chanteuses, le sexe opposé est lui ouvrier ou travailleur dans une agence de sondage. D'un côté l'art, de l'autre le concret, ou la compréhension de l'Homme en société. Pendant que les jeunes femmes ont envie de faire la fête, de danser, de rêver, les jeunes hommes écrivent, placardent des affiches, critiquent. Bien sûr, il s'agit d'un échantillon très réduit donc absolument pas révélateur, qui est en plus biaisé par Jean-Luc Godard, mais il est vrai que j'ai vu à maintes reprises cette scène, d'un côté des étudiants des jeunesses communistes hyper actifs pour tenter de faire changer le cours des choses, de l'autre, des étudiantes incapables de dire par quoi elles sont passionnées, exactement comme dans le film. Les deux sexes se rejoignent sur une chose : le flirt. Tout au long du film, on voit les personnages s'amuser à flirter, à se rapprocher, à s'éloigner, le jeu de l'amour et du hasard en somme, présent il semblerait en tout temps.

Le message politique est clairement porté sur deux choses : contre la guerre du Viet Nam des américains et pour plus de droits des travailleurs ouvriers. A un moment, le film affiche "les enfants de Marx et de Coca-cola". C'est incroyable de voir exactement les mêmes confusions qu'aujourd'hui ! Les enfants de Coca-cola surement, car la jeunesse baigne dans une société du matériel de l'hyperconsommation. Mais de Marx, là je ne comprends pas, enfin pas complétement. Car comme actuellement, il y a confusion entre Marx et communisme. Des communistes qui ne rejettent jamais au grand jamais l'hyperconsommation, la technologie. Ce que Marx aurait surement fait. Il ne disait pas qu'il était contre le progrès technique, car à son époque c'était un moyen de diminuer les inégalités et surtout d'améliorer les conditions de travail, mais dès les années 60, il y avait des objets à consommer superflus, pas autant qu'aujourd'hui c'est clair, et qui dit objets à consommer superflus dit inégalités et exploitations de ressources et de personnes à des fins uniquement commerciales. Tout le contraire des idées  marxistes, pourtant les syndicats dans lequel est Robert n'en parle jamais. Après bien sûr, les droits ouvriers ça concorde, mais je trouve que l’on omet toujours l’origine du problème, se battre pour les droits des ouvriers, ce n’est qu’une conséquence de la société. Enfin, je m’égare…

Finalement, bien que le film soit très décousu, il nous tarde qu'il se passe quelque chose d'intéressant, événement qui n'arrive jamais, car tout est très superficiel, sans valeur, sans conséquence. Pourtant à la fin, j'aurais aimé qu'il dure plus longtemps, je ne me suis jamais ennuyé et je suppose qu'à l'époque c'était très novateur de réaliser un long métrage seulement centrer sur la jeunesse représentative d'une époque.

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