vendredi 13 septembre 2013

Domicile conjugal de François Truffaut (1970)

Antoine et Christine mangeant des compotes pour bébé car il ne reste que ça...



Quatrième volet de la saga consacrée à la vie d'Antoine Doinel, il suit directement Baisers Volés, où l'on peut voir maintenant Antoine (Jean-Pierre Léaud) et Christrine (Claude Jade) vivre ensemble en jeune couple marié.

Antoine qui précédemment venait de se faire virer de son boulot de détective, apparaît alors en fleuriste expérimentateur. Par des décoctions, ils cherchent à obtenir chez ses fleurs blanches, le rouge absolu, un rouge qui n'a jamais été obtenu jusqu'à présent. S'il n'y arrive pas, il faudra qu'il se trouve un nouveau travail la semaine d'après. Tout cela, sous les yeux habitués de ses voisins de quartier. Quartier sujet aux qu'en-dira-t-on et aux rumeurs les plus folles. L'ambiance est chaleureuse, tout le monde salue tout le monde avec plaisir, même pour n'avoir rien à dire, juste par politesse finalement. Antoine, rate son expérience et se trouve un nouveau travail chez une grande firme américaine. Ce qu'il doit faire : déplacer des bateaux miniatures téléguidés dans un petit bassin, et cela toute la journée. Ce qui est d'autant plus loufoque que son employeur lui avait dit, que ses employés étaient tellement bien chez lui, qu'ils préféreraient rester travailler le dimanche.

Et oui, vous l'aurez remarqué, il y a beaucoup d'absurdité dans le film. Les événements sont poétiques ou amusants mais assez irrationnel, le film qui a des facettes très réalistes est parsemé de bribes de fantastiques, ce qui n'est pas déplaisant, au contraire. Un soit disant ami d'Antoine, lui réclame de l'argent à chaque fois qu'il le croise, sous prétexte qu'avec la somme nouvellement acquise, ajoutée aux dettes antérieures, la somme serait plus ronde et qui lui rendrait tout d’un coup la fois prochaine, ce qu'Antoine comprend tout à fait dans son sens, sans poser de question.

Le comportement d'Antoine a complétement changé depuis Baisers volés, il est plus doux, drôle, aimant, la vie avec Christine se déroule très bien. Il montre que malgré les années, une femme n'est jamais acquise et qu'il faut chaque jour la reconquérir par ce qu'il lui plaît chez lui, chez Antoine par l'humour et les mots doux. Il raconte a un moment que l'ennui, il ne connaît pas, car il ne l'a jamais vécu, il se rend bien compte que beaucoup de gens sont sujet à l'ennui, mais très sincèrement il ne le comprend pas. Selon lui, on peut lire, écrire, ranger des livres ou déchirer des pages, bref il y a trop de choses à faire pour s'ennuyer. Il faudrait même, qu'un jour dure trente heures pour qu'il ait le temps de faire tout ce dont il désire. Il termine en expliquant qu'il connaît le concept mais que cela reste un sentiment étranger à lui.
Je trouve ce passage très drôle, il représente bien son côté sûr de lui et désinvolte qu'il a toujours. Car Antoine a grandi, il est plus mature, plus alerte et moins en proie au doute. Il s'exprime toujours à un rythme très intense, avec des paroles très fines, réfléchies. Sa vivacité d'esprit est géniale à voir et assez déconcertante, il semble toujours à 200% de ses capacités. Il ne court plus dans la rue, mais se déplace en marchant, il donne une apparence de jeune père, plus que de jeune homme. A juste titre, vu que Christine a un polichinelle dans le tiroir.

Le film est pourvu de plusieurs clins d'œil, toujours amusant à retrouver. J'en ai vu deux. A un moment, Antoine raconte qu'il ne tombe jamais amoureux d'une fille, mais de toute sa famille, car il aime les parents des autres, référence au premier film Les 400 coups, où il est purement et simplement renvoyé par ses parents, qu'ils n'aimaient qu'assez peu et qui ne l'aimaient pas.
Puis, lors de la naissance de son fils, il décide tout de suite d'appeler Jean Eustache, le réalisateur et ami de Truffaut et Léaud.

Dernier évènement, il tombe amoureux d'une jeune japonaise et passe des soirées avec elle, quand Christine l'apprend elle le prend très mal et il quitte le domicile conjugal. Mais avant cela, je trouve qu'il a une réaction surprenante. Au lieu de s'excuser comme cela se passe habituellement, il assume absolument son geste et raconte que Kyoko n'est pas une femme ordinaire, mais un autre continent à elle seule et qu'elle mérite d'être aimée. A la suite de cela, pour la première fois Antoine découvrira l'ennui, car il ne put pallier la différence culturelle et donc eut du mal à communiquer avec elle. D'ailleurs, durant son dernier rendez-vous avec elle, dans un restaurant, il ne cesse de quitter la table pour aller parler à sa femme, se soulageant de pouvoir lui raconter ses problèmes de communications, ce qui est inattendu et épatant, car aujourd'hui, nul homme ne réagirait ainsi dans ces conditions. Finalement, il se remet avec Christine.

Le film est sympa, mais manque de piquant, il suit une trame assez linéaire. En fait, le vrai problème vient des personnages secondaires, qui sont assez inutiles. Même Christine n'est finalement là que pour donner la réplique au héros, elle manque de cachet, est un peu trop lambda. Du coup, le scripte manque de complexité et a du mal à prendre des formes différentes.

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