lundi 9 septembre 2013

Clerks un film de Kévin Smith (1994)

Jeff Anderson (à gauche) Brian O'Halloran (à droite)

Clerks c'est un film à la fois décalé et très réaliste. Comment est-ce possible ? Eh bien, le film n'est pas vraiment décalé par son invraisemblance, mais par rapport à l'habitude que l'on a à voir des films. Rythmés, variés, surprenant, riche dans le scénario, comprenant des lieux variés, tout le contraire de Clerks. C'est l'histoire de deux jeunes de 22 ans Dante (Brian O'Halloran) et Randal (Jeff Anderson) qui sont vendeurs l'un dans une épicerie et l'autre dans le vidéo club voisin. Le nom complet du film est Clerks, Les Employés Modèles, ce qui est ironique, ce ne sont pas du tout de bons employés mais plutôt des modèles du travailleur moyen.
Le film se déroule sur une journée. Le rythme est ainsi très lent et il faut bien le dire il ne se passe pas grand-chose, on voit principalement un seul lieu, l'épicerie. Les clients n'ont rien d'originaux, mais c'est pourtant eux qui donnent un peu de piment à leur vie, qui impulsent un renouveau dans la trame.

Dante malgré son âge est déjà démotivé et désenchanté, il s'ennuie dans son travail, sans énergie et apathique, il pense qu'il n'a pas vraiment d'avenir, il refuse d'ailleurs de reprendre ses études car il pense que ça ne changera pas sa situation. En revanche, il fait le boulot, il est poli et respectueux envers ses clients, il est responsable et accepte de travailler durant un de ses congés.
Randal au contraire, est immature, arrogant et agressif avec ses clients, j'menfoutiste, il s'emmerde profondément mais ne déprime, il prend la vie du bon côté, toujours de bonne humeur et actif. Ce sont deux opposés, qui s'apprécient plus qu'ils ne veulent bien l'admettre, Randal exaspère continuellement Dante qui tout de même tente de réparer les conséquences de l'impolitesse de son ami et prend les responsabilités de ces bêtises. Dante quant à lui, sans le montrer, protège son ami de ses aventures sentimentales et le soutien constamment.
Le rythme est vraiment lent, très peu de clients viennent, le nombre d'évènements est calculable sur les doigts d'une main, pourtant on ne s'ennuie pas. Par son réalisme, on se prend à se comparer à eux, à se demander comment on réagirait à leur place, allant même jusqu'à ce dire que notre vie est bien plus ludique que la leur, on s'identifie et on relativise. Pendant que nos deux compères coincent la bulle d’ennui et nous avec, on est souvent réanimé avec eux lorsqu'un client entre pour acheter un paquet de cigarette. Quand il n'y a personne, l'état d'esprit de Dante est constant, mais quand un client débarque, toujours représentatif d'un autre état d'esprit, tel que l'anxiété ou la gaité, par le dialogue qui s'amorce, même anodin, notre épicier va changer de comportement, il gagnera en espérance puis sera de nouveau mélancolique, puis sera joyeux pour finalement de nouveau s'apitoyer sur son sort. Ce sont ces petits riens de la vie qui ponctuent le film, des petits riens qui prennent une tournure rocambolesque voir loufoque, quand par exemple l'une des filles amoureuses de Dante pense coucher avec lui dans le noir des toilettes de l'épicerie, alors qu'elle couche avec un mort, décédé d'une crise cardiaque dans l'après-midi après s'être masturbé.

Voilà, c'est l'originalité du film, il ne passe rien ou pas grand-chose, mais on rentre complétement dans la peau des personnages et une heure et demi après on ne se rend pas compte que le film est déjà fini.

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