jeudi 19 septembre 2013

Junip Album éponyme (2013)





José Gonzalez le chanteur leader de Junip (Elias Araya (batterie) et Tobias Winterkorn (synthé)), plus connu pour sa carrière solo, est un disciple de l'excellent folkeur cubano Silvio Rodriguez. C'est en effet Silvio qui a remarqué la voix et les techniques de jeu de guitare classique de José. Ils ont ça en commun, leur différence ? José Gonzalez est suédois et chante en anglais, puis il est bien 30 ans plus jeune et est clairement moins engagé politiquement aussi.
Bref, José Gonzalez je connaissais et j'adore, Junip son groupe qu'il laisse souvent de côté par contre beaucoup moins.

Durant toute l'œuvre on voyage, mais alors partout, des steppes d'Asie aux déserts africains en passant par l’Amazonie de l'Amérique latine, on fait le tour de tout ce qu'il reste d'encore sauvage et vierge. Quelle chance ! Un voyage à peu de frais comme c'est rafraichissant. On passe donc de contrées hypnotisantes et apaisantes (Line of fire) à des moments plus rythmés, chevauchant de longues étendues de plaine verdoyante (So clear).


Ce qui frappe c'est sa voix et quel organe ! Sans trafique le son est prodigieux d'originalité, c'est une folie cette voix, un son indescriptible, pas puissant juste ce qu'il faut, un timbre vraiment atypique qui fait déjà bien 50% du boulot. José est une force tranquille, à aucun moment il exagère, pourtant le rendu est effarant.

On a affaire à de la folk parfois simple, souvent teintée d'électro et rarement de rock. Your Life Your Call est très plaisant à écouter, car en plus des riffs accrocheurs, il est amusant de voir comment un groupe voué à la folk peut suivre la mode de l'électro et donc créer un morceau innovant, moitié folk moitié électro qui se repoussent et qui étonnamment font passer José pour un chanteur pop. Très étrange, en combinant des effets électro à la folk, cette dernière perd son aspect minimaliste et intimiste rendant le tout assez pop. En mêlant le moderne à l'ancestral, on obtient l’actuel.

Villain au contraire et vraiment accès électro rock, l'effet est moyen, les sons sont tirés vers les basses ce qui enlèvent du plaisir.
A trop vouloir jouer avec l'électro, on se brûle les ailes et on tombe dans la mer...
Tantôt les effets du synthés inhibent l'émotion, tantôt cela nous envoie vers encore quelque chose de nouveau, un côté Ambient/TripHop étonnant à écouter que l'on peut suivre avec Walking Lightly, où on se voit bien en train de marcher découvrant de nouveaux univers naturels, de nouveaux biotopes avec ce titre en fond.

Dans Baton on entend des réminiscences africaines battre dans nos oreilles, accompagnées d'une voix de Shaman qui produit un son profond proportionnel à une sagesse obtenue à travers les âges. Les sifflements se font sereinement, rien ne presse : patience est mère de vertus.

La guitare classique est indépendante et fait ses apparitions par petites touches, le jeu n'est pas compliqué mais est très bien placé, dans After all is Said and Done, elle est un plus qui est enlevé par les effets électroniques trop présent. Par contre, l'effet d'éloignement de ce morceau qui est le dernier est une bonne idée, on sent que le voyage se termine nous laissant alors confus à notre propre sort, où on reprend peu à peu conscience que l'on n’a pas bougé de chez-soi.

Pour les paroles, c’est quelque fois original. Dans Line of fire, José nous fait  nous transposer dans un monde parallèle et nous demande ce que l'on ferait dans cette situation.
Dans Head First, c'est onirique :
"I keep asking myself
how it came tumbling down down down down down
let's lock into place like a puzzle
resoliving all my troubles whirling around
And it left me wondering ]
should I jump into this
head first or first ]
And I thought to myself
would things ever calm down
You pick me up from my maize
and show me the world up from the clouds"



Un rendu très reposant, apaisant, idéal pour passer une soirée tranquille, à rêver.
Mais cela aurait mérité plus de simplicité sur certains morceaux. On se rapproche d’un groupe d'ambient à la Zero 7, accompagné de la somptueuse voix de José Gonzalez et de subtiles notes à la guitare classique.

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