samedi 7 septembre 2013

Film Le Monde Selon Garp par George Roy Hill (1982) et documentaire sur John Irving



Je ne m’appesantirai pas sur George Roy Hill car je ne connais pas ses autres œuvres, il semble être réputé pour son film L'arnaque, mais je n'en sais pas plus.
Ce film est une adaptation du roman de John Irving Le Monde Selon Garp sortie en 1978.
Je n'ai jamais lu de John Irving, je décrirai cet auteur comme j'ai pu le voir dans le documentaire consacré à lui.

Irving impose. Il semble être quelqu'un de simple et on sent dans son discours qu'il a de la suite dans les idées. Il aime prendre son temps pour écrire un livre : entre 4 et 7 années, il est prêt à passer des heures sur la même phrase. Il raconte d'ailleurs que dans un roman, il y a toujours, même une fois commercialisé, vingt ou trente phrases qui lui résistent, dont il n'est pas fier, bien qu'il y ait passé de très longs moments. Le documentaire nous raconte sa manière de procéder en tant que romancier et il nous donne quelques conseils à nous futurs écrivains potentiels.
Il se définit comme un conteur et non un penseur, selon lui un écrivain ne doit pas écrire pour faire réfléchir mais pour créer des émotions chez ses lecteurs. Lorsqu'il débute un roman plusieurs choses se passent. D'abord, il ne peut s'empêcher de commencer toujours par connaître le dénouement de son histoire. Puis, progressivement, remontant de chapitres en chapitres, il aperçoit les événements principaux qui ponctueront chaque partie de la trame, pour finalement atteindre le point de départ. Ainsi avant de commencer à rédiger, il a déjà une assez bonne idée de l'architecture de son roman. Il essaie d'être précis lorsqu'il parle d'un contexte, ainsi au mieux il se sert de ses expériences passées afin que sa description soit réaliste, sinon, il décide d’aller vivre ses expériences. Par exemple, s'il veut évoquer l'atmosphère dans laquelle baignent les cuisines d'un restaurant et qu’il ne s'en rappelle plus, il n'hésitera pas à passer plusieurs heures dans un restaurant afin de parler avec les cuisiniers, d'observer chaque détail qui s'y déroule et enfin pour s'imprégner de toutes les sensations que lui inspire cet environnement. Il passe beaucoup de temps à poser des questions à des policiers ou médecins, si la situation dans laquelle se trouve son personnage fictionnel est peu probable, comment rendre la situation plus vraisemblable, ce qui en général les amuse énormément car fréquemment les suggestions recueillit se retrouve dans le rendu final, les personnes interrogées ont ainsi l'impression d'avoir un peu participé à l’œuvre d'Irving. L'écriture d'un roman demande beaucoup de rigueur, c'est un travail très méticuleux qui demande une excellente connaissance dans de nombreux domaines. De plus, la rédaction demande de nombreuses relectures et réécritures, cette répétition n'est pas selon lui fastidieuse car elle est essentielle pour progresser dans l’écriture. Il compare son art à la pratique intensive et répétée de n'importe quel sport, les entraînements sont nombreux et toujours les mêmes afin d'obtenir le mouvement le plus parfait, pour l'écriture c'est la même chose. Enfin, à moins d'avoir une imagination très supérieure à la moyenne, il est nécessaire de multiplier les expériences dans sa vie, c'est de la matière qui facilitera la formation d'un futur roman. Plus l'imagination est débordante, plus la trame gagnera en intérêt par son originalité mais aussi, par son aspect complet.
Sans rapport, il conseille de mettre lors de la confection d'une pizza maison, du miel directement dans la pâte, ce que je vais me hâter d'expérimenter !

Le film Le Monde Selon Garp raconte la vie du jeune Garp qui n'est pas né de l'amour de deux parents, mais de l'envie de sa mère d'avoir un enfant sans avoir à s'encombrer d'un mari. Infirmière dans un contexte de guerre, elle s'est mise à califourchon sur un blessé dans un lit sur le point de mourir et 9 mois après, Garp naissait. Garp est joué par Robin Williams qui je trouve est un acteur fabuleux, car il se dégage de lui beaucoup de sérénité, et puis il faut bien le dire, il a la classe. Sa mère, Jenny Fields, est jouée par Glenn Close une merveilleuse actrice qui dégage toujours quelque chose d'extrêmement fort, même quand elle doit jouer un rôle de méchant, je trouve qu'il y a toujours une part d'elle qui est bienveillante. Bref, les acteurs sont excellents, je les adore et ils font parfaitement la paire. Jenny est une sacré mère, en plus d'exercer en tant qu’infirmière elle s'occupe parfaitement de son fils, mais ce n'est pas tout. Dans un monde profondément masculin et machiste, elle présente une liberté de pensée et un tempérament à toute épreuve, douce mais stricte. Elle a des idées bien en avance sur son temps et ainsi au cours du film après avoir écrit son histoire un peu sur un coup de tête, qui devient best-seller, elle sera à l'origine, malgré elle, d'un mouvement féministe contre toutes formes d'oppression des femmes dans la société américaine de la fin des années 60. De son côté, Garp devient aussi écrivain et bien que son ouvrage est de de bien meilleur critique que celui de sa mère, il reste dans l'anonymat.
Je ne vais pas raconter toute l'histoire mais plutôt m'attacher à un détail très troublant. Ce film est une comédie dramatique. Oui, ça fait un peu silence assourdissant. Ce qui signifie que le film va être teinté d'humour et de malheur, ce qui arrive. Mais ce qui est amusant c'est le rendu. La pire chose peut arriver à une famille, la mort d'un de leur fils, les parents réussiront à relativiser, certes pas sur le coup, mais ils arriveront à tourner la page avec une rapidité déconcertante. Tout est léger et minimiser, alors qu'ils se passent des événements d'une immense gravité ce qui suivra se retrouvera dans une atmosphère guillerette accompagnée d'une musique joyeuse. C'est cette nonchalance extrême qui m'a plu. Dans le film, rien ne semble important, le temps ne s'arrêtera pas sous prétexte qu'un personnage est mort, la vie continuera toujours sans difficulté, la trame est d'un optimisme déconcertant et du coup très drôle.

Les personnages sont tous attachants (surtout le transsexuel), le film n'est jamais triste, parfois il est un peu mal rythmé et on regrette certains choix scénaristiques, mais cela est compensé par une grande variété de situations loufoques et surprenantes. Bref, à voir.

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