lundi 30 septembre 2013

Bilbo le hobbit de Peter Jackson (2012)



Des paysages magnifiques, des musiques très belles, de bons acteurs, une trame classique mais intéressante, les 3h de film se déroulent comme lettre à la poste, pourtant l’œuvre n’est pas à tomber. Pour une seule raison, une raison similaire à la trilogie du Seigneur des anneaux. Le problème vient du déroulement de la trame, les mécanismes de son évolution.

Une évolution ponctuée de combats, d’ennemis et d’obstacles inattendus, où nos gentils s’en sortent toujours in extremis. Un déroulement comme celui-ci est rébarbatif et inintéressant, cela manque de subtilités. Je m’en fiche de voir le déroulement d’un combat, ça ne m’intéresse pas. Je veux bien en voir une fois ou deux, mais pas plus ! Je sens que les prochains opus vont en regorger, et l’ennuie naîtra fatalement en moi. Pourquoi, ne pas proposer plus de dialogues fins et drôles (oui j’aime rire en regardant un film), nous permettant d’en savoir plus sur nos 14 aventuriers ? A part physiquement, la description est nulle, on ne voit pas bien quels peuvent-être les caractères de tels ou tels individus. On se retrouve donc avec Bilbo, Thorin et Gandalf  et… onze nains insipides. Si certains personnages meurent par la suite, on ne pourra éprouver une réelle empathie pour eux, vu qu’ils ne se définiront que par leur physique. Pourquoi ne pas proposer des énigmes ou des avancées vers le lieu clé par autre chose que par la violence omniprésente. A la limite, la guerre pourquoi pas, mais alors avec de la stratégie ! Là c’est on fonce dans le tas ou on est encerclé ou on fuit. C’est lourd et terriblement primitif.

Faut toujours que Peter Jackson fasse dans le spectaculaire, dans le grand spectacle, par ce manque de simplicité, l’émotion s’en trouve diminuée. Je ne connais pas l’ouvrage, je suppose que la trame est semblable au film, mais il avait parfaitement la liberté de l’arranger afin d’y amener des petites idées innovantes et qui font atteindre l’excellence à de bons films comme on en voit souvent.

Après ce film est très sympa à voir, architecturalement (rien que la maison de Bilbo est géniale), du point de vue des décors qui sont très travaillés, Bilbo et Gandalf sont touchants, Thorin plus bourru : il fait un peu brute au grand cœur. Le côté fan service des musiques n’est pas dérangeant, vu que les musiques reprises du Seigneur des anneaux sont belles. Non, franchement un bon moment. Je me fais juste du souci pour la suite…


dimanche 29 septembre 2013

As above, so below album de Ganon (2008)





Ganon est un petit groupe, pas par son nombre mais par sa notoriété, qui fait du Sludge Metal Atmospheric. Qu'est-ce à dire que ceci ?

Le Sludge Metal est un style musical qui combine le tempo lent et l'atmosphère sombre du Doom Metal avec l'agression et le style vocal du Punk Hardcore.
Le Sludge Metal Atmosphérique est un Sludge Metal effectuée en mettant l'accent sur ​​des riffs atmosphériques et texturés. Mis au point par des groupes comme Neurosis, Isis et Pelican, le style se caractérise par des riffs distordus lourds, de construction lente sur les crescendos souvent associés au Post-Rock.


C'est sur un fond de haine et de reproche que le premier morceau Descend from the Wind débute. On évolue de riffs brutaux accompagnés d'une grosse voix, très typé metal, assez cliché, à une période plus lente, le temps est à la pluie, une pluie triste et belle. L'extinction prévisible ne nous permettait pas d'anticiper une reprise des plus abrupte, dont la voix pétrie de colère nous balance à la figure des paroles déchainées.

Cette violence est percevable sous diffèrentes apparences et origines, dans Until first light c'est une réflexion particulièrement frustrante qui l'amène. D'abord, des pensées sombres, tiraillés de doutes, envahissantes. L'esprit entièrement absorbé ne cesse de retourner ces obscurités encore et encore, dans une tête qui ne pense plus qu'à demi mot, les sonorités se font moins basses, une transition nous amène à penser que l'espérance n'est pas vaine, les riffs deviennent plus harmonieux bien que tortueux. Finalement l’évacuation se fait par  la colère, il faut exploser pour ne pas imploser.

Mon titre préféré Collide and Cease s'apparente à une enquête judiciaire. Sur un tempo lent, intense et contrôlé, le détective présent dans le lieu décisif de l'affaire, fait son travail. La montée se fait progressive, les indices se multiplient, l'investigation se fait pas à pas, calmement et accompagnée de riffs à la guitare particulièrement bien trouvés. Puis, un bouleversement survient, la voix apparaît, malsaine, quelque chose cloche. Le piège à peine perçu, se referme et la violence est libérée.


Ganon nous propose donc une musique simpliste mais absolument maîtrisée, qui nous amène dans les méandres de l'âme, parfois sereine, parfois malsaine. Le metal nerveux est là pour nous rappeler que la destiné est un futur auquel on ne peut échapper et qui se déroule jour après jour, partagée entre bonnes nouvelles et coups durs. C'est la vie d'un individu qui est racontée, un individu qui a une tendance à la dépression, à la mélancolie et à la violence, qui tente tant bien que mal de se battre contre lui même. Car avant de se montrer, le combat commence toujours entre ses pensées.

Ganon, c'est une bonne découverte, par leur morceau long, ils nous proposent des contenus diversifiés incluant des transitions finement jouées.

OST de Wild Arms et Feedback EP de Michiko Naruke




Voici quatre liens pour accompagner ce texte en chansons :

From Anxiety to Impatience
(magnifique) : http://www.youtube.com/watch?v=7ffGCLgESLI
le thème original : http://www.youtube.com/watch?v=VVOFibwVMw0
l’abbaye : http://www.youtube.com/watch?v=4Wnfo3AeXks
La carte du monde : http://www.youtube.com/watch?v=4OquN3nL5mE

Wild Arms le RPG japonais sortie en 1996 sur la première playstation possède surement les plus belles musiques qu’on ait pu entendre dans un jeu vidéo. Elles sont incroyablement marquantes, je me rappel très bien qu’à l’âge de 8 ans, après avoir vu le jeu chez mon cousin pendant les vacances (classique), je ne cessais de chantonner en cours certains morceaux.

Certes c’est la nostalgie qui m’anime de la sorte, mais avec du recul, je trouve que tous les titres sont d’une grande qualité, promulguant des ambiances bien particulières selon les situations. La gaieté de la fête au château, l’innocence des jeunes filles de l’abbaye où vit la princesse, la tension des situations de combat, les grottes sinistres, l’élimination d’un grand nombre de civils teintée d’une musique mélancolique vraiment touchante. Puis la musique de la carte du monde joyeuse, nous rappelant que l’aventure et l’espérance sont à portée de main. Ce n’est pas moins de 79 titres qui nous sont proposés par Michiko Naruke ! Incroyable !

Vraiment les musiques, en plus du scénario sont les plus gros points forts du jeu. Un jeu difficile tant par ses énigmes que par ses combats, classique dans son style de jeu, graphiquement à la RPG maker pour ceux qui connaissent, donc pas exceptionnel mais suffisant.

Non sincèrement, Michiko Naruke a fait un travail exemplaire, elle est bien moins connue qu’un Nobuo Uematsu (compositeur de Final Fantasy), pourtant elle le mériterait tant son talent est grand.

« La musique de Michiko Naruke provient des vieux westerns, avec l'utilisation de guitares, de sifflements, de banjos, d'harmonicas. Par ailleurs certaines de ses musiques reprennent explicitement des œuvres déjà existantes, telles que L'estasi dell'oro du film Le Bon, la Brute et le Truand ou encore la Marche Nuptiale de Richard Wagner.
Michiko Naruke s'inspirerait également de compositeurs plus classiques comme Jerry Goldsmith et Johann Sebastian Bach. »

Elle a aussi arrangé certaines musiques de Super Smash Bros Brawl (2007) et fait ses premières armes dans la composition avec les jeux de Super Nintendo Psycho Dream (qualité très moyenne) en 1992 et Tenshi no Uta (pas mal) en 1994. Les musiques de Wild Arms sont vraiment un cran au-dessus, on voit ainsi au cours du temps ses progrès exponentiels dans le milieu vidéoludique.

Michiko Naruke vient de sortir son premier EP solo en Mai de cette année, Feedback.

J’ai pu me procurer cette œuvre de 4 titres qui n’est pas mal. Les deux premiers titres sont sympas : influencés par une musique de Western modernisé, battant et courageux à la sauce guitare sèche, orchestre et sifflotements ; des sonorités typiques des jeux vidéo. Puis, un morceau (Asking Darkness), pas du tout dark pour le coup, mais plutôt tout mignon, entre la sonnerie de portable et le remix du générique d’un anime pour fille (oui j’ai pas compris ce morceau) et le dernier composé juste d’un solo de piano assez triste mais absolument pas original

Ainsi donc, une œuvre en dent de scie qui est loin de valoir l’OST de Wild Arms.



Wild Wood album de Shira Kammen et Pam Swan (2003)

Shira Kammen est en 2° position en partant de la gauche


Ahhhh Shira Kammen ! Je l’ai découvert dans l’OST du jeu indépendant Braid il y a plusieurs années. Cette multi instrumentiste de génie ne joue pas moins de 5 instruments : violon, alto, vielle (violon moyenâgeux), rebec (sorte de vielle), harpe médiévale ; en plus d’avoir une grande maîtrise de sa voix. Dans ses œuvres, elle s'occupe de jouer tous les instruments puis réalise l'arrangement elle-même, rien que ça.
Elle a obtenu son diplôme en musique à l'Université de Californie, puis a joué et enseigné à travers le monde. Elle a aussi joué dans plusieurs émissions de télévision et enregistra des bandes sonores de films.

Alors voilà, si vous aimez la musique médiévale mêlée à des sons traditionnels celtiques et si vous aimez les belles voix de chorale, cette artiste est faite pour vous. Elle est vraiment exceptionnelle. Sur Wild Wood elle est accompagnée de Pam Swan au piano et à la voix.

Pam Swan, elle, a été chercheur, étudiant le mode de vie d'animaux sur le terrain, elle est aussi une célèbre pianiste, percussionniste et chanteuse.
Elle a fait des tournées aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni et a donné des représentations et des enseignements de la musique celtique traditionnelle à des festivals, des concerts et des ateliers.

"Pam Swan et Shira Kammen apportent un abord lumineux sur des airs celtiques et des chants traditionnels de l'Ecosse, l'Irlande, la Galice, la Bretagne, le Cap-Breton et au-delà grâce à cet album violon/piano sorti en 2003."


Voici un lien pour écouter l’album :
http://magnatune.com/artists/albums/shira-wildwood/
On peut retrouver d’autres de ses œuvres sur Grooveshark.com

L'album est magnifique, tantôt exclusivement instrumentaux (Shetland Set), tantôt où l'instrument prédominant est l'organe vocal (Son ar Sistr). Mais attention les chants sont en gaelic, mais aussi en breton, en anglais et en portugais, quelle beauté ! Parfois encore ce sont des reprises : celle de Mission impossible (The Impossible) en musique celtique est mémorable, d'abord lente et mélancolique, puis vive et indépendante, presque farouche.

Les sonorités sont joyeuses, originales et fortement influencées par la nature vierge et sauvage. On ne s'en lasse jamais tant l’œuvre est diversifiée.
On se retrouve transporté dans je ne sais quelle tribu avec Pat Do This, où un rituel est en cours, transcendé par des voix enchanteresses et parfaitement accordées. Puis, on passe à un format plus classique, médiéval, avec Dunmore Lasses, qui nous propose des sonorités reposantes et touchantes grâce à un violon qui décochent des notes d'une finesse surprenante. Le charmant Lord May's nous raconte via ses instruments, l'histoire d'une famille de noble qui vît tranquillement dans son château, au gré des artistes qui s’y présentent et des banquets organisés, le ton est convivial et léger.

Le chant en gaelic Chi mi na Morbheanna signifiant « Les montagnes couvertes de brume », est une chanson traditionnelle écossaise de Higlander John Cameron (1856). Les paroles sont comme un songe, une prédiction future :

Je vois tout de suite, le lieu de ma naissance
Je serai accueilli dans une langue que je comprends
Je vais recevoir l'hospitalité et l'amour quand j'y parviendrai
Que je n'échangerai pour une tonne d'or


Quant à Son ar Sistr,
c’est une célèbre chanson bretonne répondant au style de la sône, c'est-à-dire traitant de sujets anecdotiques et qui reflètent les moments, agréables et joyeux de la vie quotidienne.

Voilà je vous laisse la quiétude de découvrir l'étendue de cette oeuvre de 16 titres absolument magnifique !

Shining de Stanley Kubrick (1980)





C'est en 1980 que Stanley Kubrick fit le film Shining, trois ans après l’œuvre de Stephen King.

C’est l’histoire d’un petit garçon Danny Torrance, surnommé le Doc car il a de grandes capacités pour un âge de seulement 5 ans, qui va lutter contre lui-même. Il sait lire, écrire et pense vite et bien ; mais ce n’est pas ça qui est le plus remarquable chez lui… Il possède depuis sa naissance des talents extralucides, il peut percevoir un futur proche ou au contraire des événement très anciens. Il a aussi la capacité de connaître la vie d’un individu juste en le rencontrant et emploie la télépathie intuitivement. Oui, Danny est en quelque sorte un médium mieux connu sous le nom de Shining.

Car il n’est pas le seul, certains individus, de manière extrêmement anecdotique, possède ce don avec des capacités plus ou moins avancées, Danny est extraordinaire dans un milieu déjà très restreint car il est capable de chose que peu peuvent faire, malgré son âge.

Avant de visionner ce film j’avais lu l’ouvrage de King il y a un an. Je vais donc en profiter pour en faire une comparaison.
Tout d’abord, l’ouvrage ne m’avait pas déplu, bien que je ne l’avais trouvé en rien exceptionnel. Par rapport à un bon polar, qui se dévore à une vitesse folle et qu’on n’a du mal à lâcher tant qu’on n’a pas atteint la fin, Shining m’a semblé bien moins haletant et il a fallu que je me force tellement le rythme de l'intrigue était pour moi insuffisant. J’ai trouvé la trame molle. La mise en place de la situation m’avait pourtant présagé le meilleur, un père et mari doux et aimant de sa femme et  de son fils, et de manière exceptionnelle autant qu'inattendue terriblement violent, au point qu’il cassa une fois le bras du Doc alors âgé de 2 ans. Viré de l’université où il travaillé et anciennement alcoolique, il trouve grâce à l'un de ses amis, un emploi en tant que gardien dans l’Overlook Hotel pour la saison froide. Il compte mettre à profit cette période pour écrire un roman et retrouver sa place dans la société qui la rejeté si abruptement. Jack et sa famille : Wendy et Danny Torrance vont donc passer huit mois seul dans le gigantesque autant que majestueux Overlook, bâtiment abritant un passé bien trouble : un père, alors gardien, aurait tué sa femme et ses deux filles à la hache, les aurait coupé en morceaux puis se serait donné la mort d’un coup de fusil. Un lieu sinistre donc, dans la montagne, complétement isolé durant cette période de l’année du fait des amoncellements de neige.

Le film commence direct au moment où Jack est engagé à l’Overlook, ce qui est finement joué de la part de Kubrick car les éléments du passé seront subtilement décrit au cours de l’isolement.

Je vais faire court. En fait, je vois un problème majeur au film : c’est l’évolution du comportement de Jack. On sait qu’il a des tendances brutales et déséquilibrés, mais dans le livre il est au début de leur retraite complice et doux avec sa famille. Jack ne se fait happer par les émanations mystiques et malsaines du lieu que très progressivement, pour enfin atteindre un état permanent d’hallucination et de folie. Dans le film, à mes yeux, dès l’entretien il passe pour un timbré, bon en même temps c’est Jack Nicholson et il a la tête de l’emploi, mais tout de même ce n’est pas assez subtil à mon goût, son personnage devient plus fade. On sent que dès le début il est désaxé, pourtant une nouvelle vie s'offre à lui, c'est une seconde chance que la société lui donne, et il manque de sérénité.

A côté de ça, énormément de bonnes choses. Nicholson est juste parfait dans son rôle, il joue exceptionnellement juste. Shelley Duval est aussi excellente en mère qui semble faible, qui pleure et qui à peur sans cesse, mais qui aux moments importuns, agit instinctivement de manière pertinente et congru, afin de sauver elle et son fils. Quant à notre petit acteur Danny Lloyd, pour 6/7 ans il se débrouille bien, à part certaines scènes ne sont pas hyper réalistes, je pense surtout à quand il convulse, mais bon je suppose que ça ne doit pas être évident.

Le film est sorti en 1980 et il est magnifique ! Vraiment ! L’hotel a de la gueule, la qualité de l’image est proprement remarquable. Les sons les accompagnant sont irréprochables, elles accentuent bien le ton des scènes et réussissent à nous mettre un bon coup de flip.

En fait tout est bon et pourtant j’étais parfois las, cela manque de rythme, la succession des événements se font trop lentement, Garett Brown (le caméraman) ne joue pas assez sur les gros plans des personnages. En fait aux moments censés nous surprendre, la scène est filmée de tellement loin qu’on a le recul nécessaire pour ne pas tressaillir, si bien que j’ai ri à de nombreuses reprises. Je pense notamment à la scène de la femme dans sa baignoire ou celle de l’arrivée de Dick Halloran (Scatman Crothers, le cuisinier qui possède aussi le don). C’est vraiment dommage. Il y avait de bonnes trouvailles dans le livre, tel que les animaux dehors, qui par leur nombre et leur symbole (le Lion etc..)  augmentaient la tension, qui sont occultés dans ce long métrage. Même à l’intérieur de l'Overlook, les personnages voulant la mort de la famille sont normalement plus nombreux, là ils ne font que des apparitions que très ponctuelles et sont plus hilarant qu’autre chose.

Voilà un film avec de grandes qualités et auquel il ne manquait pas grand-chose pour qu’il soit parfait, mais qui finalement possède le même problème que le roman original : un manque de rythme diminuant l'effet d'un film se voulant d'horreur.

vendredi 27 septembre 2013

In the Mood for love de Wong Kar Wai (2000)






Bon je vais aller courir moi.

Autant j’affectionne la culture japonaise, malgré une mondialisation prédominante, ses traditions ont encore perduré : cette manière de se comporter qu’ont les japonais, cette politesse qui nous semble trop, ce mélange de timidité et de folie, les beuveries ordinaires, les hôtels consacrés à « l’amour », l’importance du respect, des règles strictes, une expression des émotions inhibée, cette passion pour le karaoké et la J-pop, cet entrain des jeux vidéo, des jeunes femmes bien plus indépendantes que leur homologue masculin, des familles traditionnelles où rarement la femme sort du foyer. Ainsi que, ce paradoxe dans le comportement : tantôt extrême dans la fermeté, tantôt extrême dans l’inhibition de toutes formes de limites (suicide, no life, alcoolos notoires), c’est fascinant. Le Japon, bien que tendant vers une certaine conformité dans le mode de vie des pays dits « développés », est le pays qui reste, selon moi, le plus dépaysant.

Autant, la culture hongkongaise semble moins m’interpeler. Je ne sais pas si In The mood for love est représentatif, mais cette pudeur dans les rapports n’entraînant jamais autre chose que regrets et frustrations, m’ennuie et m’agace. L’indépendance n’est jamais de rigueur, les hongkongais se soucient plus du regard des autres que de leur propre bien être. Je ne sais si ce trait est inhérent à toute la Chine. Il y a aussi un éloge de la patience et de la contemplation que j’apprécierais si ce qu’on me présentait à l’écran me touchait. Je peux rester sans problème durant une heure devant une œuvre moyenâgeuse telle qu’une tapisserie ou une sculpture en bois, sans voir le temps défiler.  En revanche, m’émouvoir devant un homme et une femme qui ne cesse de se regarder dans un restaurant ou ailleurs, aussi charmants et élégants soient-ils, là ça a du mal à passer. La répétition d’un morceau de musique classique contemporaine qui au départ est une bonne idée, arrive à la longue à me faire souffrir tant sa redondance sur une trame figée est excessive.

In the mood for love c’est ça : Tony Leung Chiu-wai : M. Chow et Maggie Cheung : Mme Chan, sont tous les deux  maries de leur côté, ils savent que leur épouse et époux respectifs ont une relation, ils se dévorent du regard tant ils s’aiment et ils sont pas foutu de passer à l’acte. Au lieu de ça, on a le droit à rien du tout : des rendez-vous où ils ne disent rien et chacun possède un travail inintéressant. Ca pendant une heure et demie, et bien j’avoue j’ai fondu sous l’ennui. Malgré les effets de ralentissement (nombreux) censés être artistique et les très beaux habits très variés que nos bons acteurs portent : changement de cravate et tout et tout, (ça ne rigole pas), ma torpeur fut profonde et trop bien ancrée.