mardi 8 octobre 2013

Le cochon de Gaza de Sylvain Estibal (2011)



Ce film aurait pu être excellent, il n’est juste que bon. Ce contexte de frontière sur la bande de Gaza entre palestiniens et israéliens, je ne l’ai pas vu si souvent. Du coup, c’est assez intéressant de voir un peu les relations qu’il peut y avoir entre les deux populations, un contexte dont tant de média en montrent les horreurs des armes et ses conséquences désastreuses, mais qui ne présentent jamais la vie de tous les jours qui est selon moi bien plus fascinante.

Les situations sont trop mal amenées. Quand Jaafar se fait embrigader pour servir de martyr, cela sort un peu de n’importe où et le fait qu’il se laisse à ce point faire est très surprenant et assez frustrant. D'autres transitions dans le film sont assez mal réalisées.

Par contre, le coup du je pêche dans mes filets un cochon noir extrêmement beau Vietnamien alors ça ça m’a fait rire, je m’y attendais pas du tout !
Le ton se veut léger : Jaafar doit se battre contre lui-même pour mettre à profit ce cochon tant démonisé par sa religion. Mais l'oeuvre ne se préoccupe pas d’animer le spectateur, au contraire il montre la réalité telle qu’elle est : s’il faut que Jaafar fasse trois allers retour en vélo du port à la frontière, il le fait dans la journée et nous on l’accompagne. Car ce sont des efforts nécessaires pour gagner sa croute.

On peut observer des contextes ambigües où deux israéliens armés sont postés 24 heures sur 24 sur le toit d’une habitation où vît notre couple palestinien : Jaafar (Sasson Gabai) et Fatima (Baya Belal), couple de cinquantenaires touchant, le premier s’inquiète pour ramener de l’argent pour subsister, sa femme elle, qui nourrit une rancœur justifiée envers les jeunes soldats israéliens postés sur eux et qui s’inquiète tout autant. Ce qui est amusant c’est que ces soldats sont très jeunes : faisant leur service militaire obligatoire (deux ans pour les femmes et trois pour les hommes), ils ont tout juste la vingtaine et ne sont clairement pas là par conviction mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Un d’entre eux tente de nombreuses fois d’instaurer le dialogue avec Fatima, cette femme qui pourrait être sa mère et qui ne supporte pas ce contrôle et cette autorité orchestrée par des enfants. On observe ainsi, à la fois les relations difficiles entre population de culture différente mais aussi de génération différente. On se rend aussi compte des effets de la mondialisation : Fatima et un jeune soldat regardent ensemble avec grande attention une série brésilienne stéréotypée et futile mais néanmoins fascinante. C’est ce qui vient d’ailleurs qui permet le recul nécessaire à la situation actuelle et permet d’ouvrir pour la première fois le dialogue.

La scène internationale n’a aucune importance par rapport à la lutte hebdomadaire à Gaza :
qui est ce noir américain en costume qui parle devant tant de journalistes et qui décrit un contexte qu’il ne comprend pas ?

Ainsi donc, un bon film, assez drôle (le titre original c’est « When pigs have wings » !) mais parfois un peu trop décousu.

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