mardi 12 novembre 2013

Pensées sur les goûts, l'expérience et l'intolérance (12/11/2013)




Plus tu écoutes de musique plus tu écoutes de musique de qualité


Avant de commencer un point majeur, je parlerai de la musique mais il est clair que tout ce que je dirai peut s’appliquer à toutes les formes artistiques !

Que ce soit objectivement ou subjectivement nos goûts s’améliorent en développant notre expérience. Objectivement car nos goûts s’améliorent si l’échantillon total augmente (un top 10 sur 10 albums sera forcément moins bon que sur 100) ; Subjectivement car contenter un goût très précis sera plus difficile mais aura aussi pour conséquence d’atteindre un nouveau paroxysme de plaisir.  Attention tout de même, pour améliorer son expérience musicale, il faut à la fois écouter plusieurs fois un même album et ne cesser de découvrir de nouveaux artistes. 

On partagera donc plus souvent nos goûts si la fréquence d'écoute de la personne en face est similaire. Quelqu’un qui écoute beaucoup de musique finira par en écouter de la plus recherchée, qui sera très probablement de meilleure qualité, il passera plus de temps avant de trouver un album qui lui plaira, le tri se sera donc fait sur un plus grand échantillon de musique.
En reprenant l’exemple précédent, quelqu'un qui a n'a écouté que 10 albums ne pourra pas rivaliser avec la qualité de la musique de quelqu’un qui en a écouté 100, il aura aussi une écoute moins acérée car en écoutant une nouvelle œuvre il ne pourra que difficilement le rapprocher d’une œuvre de son expérience, il ne fera que découvrir et donc ce ne sera jamais du déjà entendu. Le plus spécialisé n'aura pas forcément de meilleur goût mais en revanche aura des gouts beaucoup plus précis.
Ceci explique que les musiciens ont rarement de bons gouts musicaux (du fait de leur manque d’expérience), ils n’écoutent pas tant de musique différente que ça, ils prennent plus de plaisir à en jouer, la nouveauté est plus facilement innovante à leurs yeux.
Cas que tout le monde a déjà vécu 1000 fois : on demande quels sont les genres qu’une personne apprécie, il répondra qu'il aime tous les genres (Ok merci.). Cette réponse proviendra la plupart du temps du fait qu'il ne connait pas et n’écoute pas tous les genres. D’emblée, les gens n’aiment pas le métal car rapporté aux bruits, le classique car rapporté à l’ennui, le rap car rapporté à des paroles agressives et pas toujours très fines. Cas plus rare mais existant, après avoir écouté tous les genres, le passionné s’est rendu compte qu’il avait trouvé des pépites dans ces différents univers parce que les choix de groupes et d’artiste sont infinis. Il est impossible d’apprécier tous les genres en n’écoutant que du commerciale, il y aura forcément un moment ou ça ne passera plus.

Un fait avéré qui va dans le sens de ce que j'ai dit précédemment : pour se faire conseiller dans un domaine culturel, on aura plus confiance auprès de quelqu’un de spécialisé dans ce genre, plutôt qu'un amateur ponctuel car il aura déjà un peu tout rencontré et l'essentiel de ces écoutes seront forcément en moyenne moins commerciales car ses recherches auront été approfondies. Il sera allé chercher dans les méandres de ce qu’il se fait de mieux dans la musique afin de contenter ses goûts, c'est en ça que la musique commerciale est moins bien. Le moteur de cette recherche est tout simplement la quête du plaisir, voire à un degré plus important, l’assouvissement de l’addiction. Un écouteur de musique occasionnel prendra moins de plaisir en écoutant ses œuvres favorites qu'un vrai passionné.
Tu débutes la musique, la première chose que tu vas découvrir, disons en grande partie, sera la musique particulièrement publicitée, elle n’est pas toujours mauvaise, mais à la fâcheuse tendance d’être extrêmement peu variée car elle suit les modes et ne propose qu’un échantillon d’artistes incroyablement petit. C’est le niveau 1 de la musique, on n’a qu’un très faible aperçu des possibilités provenant du milieu musical, à partir de ce niveau on ne peut que progresser.

Quels sont les autres défauts de la musique dîtes commerciale ?
On peut dire sans trop de mauvaise foi, même si ce n’est pas toujours vrai, qu’elle s’axe sur le nombre de ventes et non la qualité, qu’elle s'axe sur la mode et non l'originalité, qu’elle s'axe sur le spectaculaire et non la simplicité, qu’elle s'axe sur l'air du temps et non la vraie personnalité de l’artiste. Elle s'axe aussi sur l'identification à l'autre et non la découverte d'une nouvelle manière de pensée, elle s'axe sur l'émotion communément admise par l’époque et non l'émotion sans entrave et totalement débridée.

Ainsi donc c'est bien la liberté et le manque de liberté, l'imagination et le manque d'imagination qui font qu'une œuvre commerciale sera souvent moins bonne par rapport à un groupe provenant d’un label indépendant. C'est cette même imagination qui fait qu’assez fréquemment un premier album ne sera jamais dépassé en terme de qualité, la pression de la réussite étant tellement forte qu'il est quasiment impossible pour un groupe d'en faire abstraction afin de garder son potentiel d'imagination et de créativité. Par contre un excellent premier album qui ne recevrait pas le public qu’il mériterait d’obtenir permettra à un groupe de continuer de progresser dans sa musique.

Expérience personnelle : je suis capable de proposer de la musique à n’importe quel écouteur occasionnel  avec dans la majorité des cas un retour positif. L’inverse est faux, un non passionné de musique aura beaucoup de mal à me contenter. En revanche entre grands passionnés, il sera bien plus rare de trouver des œuvres excellentes pour les deux, chacun ayant ses armes et son expérience pour défendre son bifteck (ses goûts).


Goûts et tolérance

C'est l'expérience qui façonne nos goûts, elle nous rend aussi plus intolérant. Plus on est spécialisé, plus on est intolérant envers les œuvres et le goût des autres. L’intolérance peut être très faible pour une personnalité particulièrement ouverte ou très forte pour quelqu'un de misanthrope. Ces derniers ont bien sûr tort de l'être car il faudrait qu'ils acceptent non pas les goûts des autres mais tout simplement leurs inexpériences, eux même plus jeunes étaient inexpérimentés.
Plus compliqué, peut-on accepter l'inexpérience de quelqu'un de relativement âgé ?
Évidemment que oui. Même si c'est dans tous les domaines, quelqu'un qui serait insipide en somme et qui manquerai de curiosité ?
Là ça dépend de chacun, mais quelqu'un de tolérant l'acceptera sans mal, car l'expérience ne sera  pas selon lui une valeur forcément importante. Encore un autre point, plus on est différent de la majorité de ses contemporains, plus on est intolérant, car c'est la seule manière de s'accepter, de ne pas avoir à remettre en question sa personnalité, son caractère. Il pourra résister à la pression sociale du nombre et protéger sa liberté d'être.

Maintenant le tolérant ultime (un genre de Super Sayen de la tolérance) qui aurait des opinions et une personnalité bien tranchées, arrivera tout de même à ne pas comparer les gens entre eux. Quelqu'un qui ne sait rien/pas grand-chose, qui a tendance à s'ennuyer dans la vie et donc qui travaille, voyage et consomme de manière assidue, ne recevra pas de critique par notre tolérant ultime, il dira : « il est comme il est, il est absolument libre de choisir le cheminement de sa vie ».

Et finalement c'est de la que vient la différence entre tolérant et intolérant ! Il vient du besoin de pousser les gens à s'améliorer, à exploiter leur potentiel qu'il soit intellectuel et/ou physique, il a le désir de pousser les gens vers le haut, il tend à faire élever, comme le font les pédagogues, son entourage. Il forme et apprend, il enseigne son savoir et enseigne comment réfléchir sur celui-ci.
Un pédagogue qui prendra trop à cœur son désir de partager ses connaissances sera intolérant. Il appréciera l'effort de ses élèves ou leurs facilités, le tolérant acceptera le manque d'effort de ses élèves et leurs difficultés.

Accepter le manque d'effort peut s'apparenter à du laxisme, la tolérance à l'extrême serait donc du laxisme ?
C'est ce que dira quelqu’un d'un tant soit peu intolérant. Mais si un manque d'effort est mauvais pour la santé physique et mentale de cette personne, alors on se doit d'être intolérant au moins à un degré faible, et on ne peut accepter qu'il vive ainsi car cela ne le dérange pas.

Les parents veulent le meilleur pour leur enfant, est-ce là que l'intolérance commence ? Est-ce de l'égoïsme que de vouloir le meilleur ? Le meilleur n'est-il pas subjectif ? C'est là qu'est tout le problème, le travail pour son fils s'apparente au meilleur pour un parent, et s'il ne veut pas travailler ?
Soit il vivra dans de mauvaises conditions soit il vivra grâce aux aides de la société ce qui sera mauvais pour son estime de lui, et si ce n'est pas le cas, il sera égoïste (sauf s'il pratique une activité non rémunérée qui devrait l'être car il apporte quelque chose à la société). De bonnes conditions de vie sont aussi subjectives. De bons parents seront des adultes capable de s’adapter aux seuils de conditions minimum assurant le bien être leurs progénitures : « Vivre dans une cabane te satisfait ? Ca nous suffit. Tu désires ne pas travailler ? D’accord si tu trouves un moyen pour vivre dans des conditions de vie qui t’éloignent de la maladie, de la faim et de la dépression. Si tu arrives à être bien dans ta peau et dans ton corps, en respectant les lois je t’accepterai quel que soit la route que tu décides de suivre. »

Dans les faits des parents stricts dans l’éducation mais absolument ouvert à la vie que décide de prendre l’enfant est d’une sotte et triste rareté. Il y a fréquemment ce besoin des parents de garder le contrôle afin de compenser des complexes entrainaient par une carence en confiance en soi. Pourquoi se remettre en question alors que je peux casser les pieds à mes enfants ?

Mais on peut très bien ne pas accepter que l'autre vive dans la rue, d'ailleurs même s’il refuse l'aide qu'on lui prête sur le coup à posteriori il regrettera de l'avoir vu d'un si mauvais œil, vu que sa condition pourra s'en trouver largement rehaussée.

On retrouve donc d'un côté l'aliénation de l'autre l’intolérance : on se montre intolérant pour faire prendre conscience à l'autre dans un but qu'il soit plus heureux. Sauf que le dicton "heureux les simples d'esprit" est juste, seulement dans une logique humaniste il serait dommage de laisser l'humain au stade de simple d'esprit/d'aliéné, la nature nous ayant offert des possibilités, il serait dommage de ne pas en profiter. Seulement c'est une prise de risque car une fois désaliéné on ne peut savoir, si l'être sera plus ou moins heureux  par rapport à avant.

Mieux vaut-il être bête et heureux ou moyennement heureux (discontinuellement) en ayant connaissance de vérités qui nous entourent ?
L'humaniste choisira ce second choix, la personne absolument tolérante acceptera les deux. Objectivement aucun des deux n'a tort. Plus subjectivement, je pense qu'il ait bien qu'il existe c'est deux types de personnes, car ils permettent aux aliénés et aux relativement non aliénés de vivre en étant apprécier par une des deux catégories citées : humaniste ou tolérant.

Chacun peut donc vivre comme bon lui semble, je pars du principe, peut-être à tort, que la plupart (pas tous) des simples d'esprit le sont par choix car ils vivent très bien (selon eux) comme ça, pourquoi prendrait-il le risque de faire vaciller leur bonheur ?

Je n’ai pas encore évoqué le cas le plus courant actuellement : l’aliéné intolérant, on a l’aliéné qui s’en fout et on a l’aliéné intolérant, la pire espèce. Mal dans sa peau, qui ne pense qu’à suivre le mode de vie standard offert par la société, c’est à cause de l’existence de cette tranche de la société que l’intolérance, que l’on pourrait décrire comme morale, existe. Elle combat le racisme ou les moqueries de ceux qui ne comprennent pas que les gens puissent vivre différemment, selon leurs propres aspirations. Ils se disent tolérant sauf face à l'intolérance.

Je ne sais que conclure, disons qu'il faut trouver un juste milieu dans l'ouverture : accepter la différence : celle des origines comme celle de ceux qui n'aspirent pas à être des intellectuels ou des sportifs. Nul besoin de comparer car c'est en comparant que l'on se ferme à l'autre. Il faut tout de même être suffisamment intransigeant pour se protéger (et protéger ceux et celles que l'on aime), être moins malléable et donc plus libre.

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